Suite au billet de Manue, je ressens le besoin de raconter ce qui m'est arrivé il y a quelques mois. Tout d'abord, âmes sensibles abstenez-vous. Et je ne plaisante pas.

J'habite à un croisement, mon salon donne sur une rue, le bureau sur l'autre. Précision utile, je suis au rez de chaussée avec fenêtre à hauteur d'homme (comprendre : je vois la tête des gens qui passent devant chez moi).

Bref, un dimanche matin de Novembre, je glandouille dans le bureau tandis que Monsieur Lolo fini de déjeuner dans le salon. Et c'est là que les âmes sensibles s'éloignent.

Crissement de pneus, suivi d'un silence et d'un retentissant "Je l'ai pas vu, J'vous jure !!" suivi d'un "Madame ? Madame ? ça va ?" Du bureau je n'ai rien suivi, c'est Lolo qui est venue me dire qu'il appelait les pompiers car il venait d'y avoir un accident. Et là j'ai eu un réflexe que je n'aurais pas eu il y a moins d'un an :j'ai ouvert ma fenêtre et sans réfléchir j'ai sauté (rappel utile, sauter d'une fenêtre n'est pas conseillé quand on est enceinte de deux mois). Et toujours sans réfléchir j'ai pris la situation en main :

  • - Evaluations des risques,
  • - Se protéger
  • - Protéger les autres
  • - S'occuper de la victime
  • - Passer l'appel

Tout m'est revenu d'un bloc, les risques, les voix aériennes, comment passer un appel efficace, tout.

Risques écartés (voisins qui ont placé des petits triangles de signalisations), soins commencés. Respire, pas évanouie mais ne répond pas (il s'est avéré qu'elle était sourde au final d'après un pompier) et un pied qui pendouille loin de sa cheville (j'avais prévenue...). Contrairement aux films là, ça ne giclait pas et pourtant le pied était littéralement arraché de la jambe, une grosse fracture ouverte avec les os bien saillants et explosés. Je m'attarde mais je crois que cette image me hantera toute ma vie, il m'arrive encore d'avoir des sortes de cauchemars avec cette image.

Bref.

J'entends un gars appeler les pompiers mais il ne s'en sort pas et répète en boucle le nom de la rue, sans pouvoir quitter la dame, je ne peux pas l'aider avec son appel et là, un cri du coeur : "j'ai mon brevet, je peux vous aider ? " Une dame venait d'arriver en voiture. Je lui résume la situation, ce que j'ai fais et lui dit que je lui confie notre mamie le temps de passer l'appel. Appel passé en 30 seconde, les secours présents en autant de temps.

Là où cette scène est d'autant plus choquante est que nous n'étions que deux à connaître les fameux gestes qui sauvent. Sur la quinzaine de personnes qui se sont arrêtées seules deux savaient comment gérer ça. Il est vrai que tant qu'on n'est pas confronté à ce type de situations on n'y pense pas à ce brevet de secouriste car c'est bien de lui qu'il est question. Si je n'avais pas été formé, la dame aurait attendu 10 bonnes minutes voir un quart d'heure avant que l'automobiliste s'arrête et vienne l'aider. Imaginez-vous en mamie d'environ 75/80 ans renversée par une camionnette, la jambe explosée et un peu sonnée, imaginez que des quinze personnes autour de vous aucune ne vous n'aident réellement (sans compter les habitants des deux immeubles qui entoure ce croisement et qui vous scrutent derrière leur fenêtre bien au chaud). Il faut peu de temps pour s'étrangler quand on est sonné et que votre foulard vous comprime la gorge...

Alors sincèrement, passer le PSC1 (prévention de secours civiques de niveau 1, anciennement Brevet de secouriste), n'est pas un effort sur-humain. Il vous coûtera un week-end et peut-être des sous (pour ma part 60€). Sachez que la croix-rouge et les pompiers organisent des stages pour apprendre à protéger et faire les bons gestes aux bonnes personnes. Cela ne changera pas votre vie, peut-être ne serez-vous jamais amené à pratiquer mais en cas de problème vous saurez au moins quels sont les gestes de bases à faire et vous sauverez sans doute une vie ce jour-là. Et si ça c'est pas ce qui compte le plus...